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Etirez-moi la prunelle des yeux pour que je vois aussi loin que je veux...
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24 octobre 2007

Eden

PierreGilles6
photo: Pierre et Gilles

C'est sur la pointe des pieds que je pénétrai ce soir dans ce parc . Sur la pointe que je m'avançai doucement, effleurant au passage l'herbe humide, écrasée sous le poids d'un corps de passage. Et dans le froid douloureux d'un jour décalé, on pouvait apercevoir au loin les branches d'un grand saule, effacées à leurs pointes par la brume. À son pied déraciné, affaibli dans la terre poudreuse, gisait un papier, déchiré à sa fin...

Je pus lire à voix douce:


"Crue fut la lumière de la lune en ce soir de Novembre. Scintillantes les étoiles dans le ciel noir. Le néant prêt à m'accueillir se dilate tout entier, en son centre il me semble voir la percée blanche, éblouissante et brillante, ainsi que les contes de mon enfance m'en dessinaient les contours. Autour de moi flotte le parfum d'une femme, sainte au coeur disparu il y a bien des années, que je m'en vais rejoindre par ce trou distendu. Si vous lisez ces mots, voyez mes membres flotter à leur tour, alentour n'entendez plus un murmure puisque tout s'est tu ce soir, puisque rien ne vit que la légère danse des brins d'herbe qui se courbent sous le poids de l'être approchant. Rendez-moi l'hommage que l'on réserve aux Dieux, rien qu'un instant, que je puisse pleurer à l'écho de vos voix qui se meurent de chagrin, être l'unique parmi des milliers. Gardez un rayon de chaleur tout au bord du soleil de votre vie, que j'y songe parfois, m'y couchant sereinement comme un corps s'allonge pour veiller. C'est en pas de danse saccadés que j'expirerai ce soir le dernier souffle, les yeux blancs de douleur à la vue de votre corps à l'approche, le remord bouffant sur l'extrêmité de mon âme. Mais c'est serein que je tirerai la corde ouvrant la porte, pour dernier voyage l'ascenceur de la vie, j'y verrai défiler les images d'un passé qui n'est plus, passé d'ombres et souvenirs crucifiés.Déjà les branches du grand saule s'écartent ainsi que mon corps qui décolle.
J'entrevois..."


Les lignes dansent et le papier vole, je ne remarque même plus tomber la pluie. L'arbre toujours déraciné semble me sourire, mes pieds collés au sol, chancèlent, aspirés par le noyau de cette terre, ferme.

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Commentaires
L
C'est par un chemin hasardeux que j'arrive sur ton blog. Et je suis hypersensible à ton univers. Les images et les mots croisés ici me parlent, et j'aime vraiment ton Spleen...Je reviendrai. Bonne route à toi.
Etirez-moi la prunelle des yeux pour que je vois aussi loin que je veux...
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